Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...

Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...
Toujours un peu perchée...

dimanche 27 janvier 2008

Un jour il faudra...

Un jour, il faudra qu'elle écrive tout ça autrement que par morceaux.
Un jour, il faudra qu'elle trouve une forme qui donne sens à cette histoire.

Un jour, il faudra qu'elle raconte, qu'elle parvienne à transcrire en mots toute cette folie. Qu'elle parle de ces semaines surréalistes qui ont précédé le départ, la fuite... la mort. Elle dit ça parfois : les jours qui ont précédé la mort. Elle sait pourtant qu'elle est partie pour vivre. Mais elle dit ça. Parce qu'avant toute renaissance, il faut en passer par là. Parce que c'est comme ça qu'elle l'a ressenti, qu'elle l'a vécu. Une mort.

Un jour, il faudra qu'elle raconte ce que ça fait d'enterrer sa propre vie. Ce que ça fait d'enterrer un amour, pire : une idée de l'amour. Ce que ça fait d'inhumer méthodiquement et consciencieusement ses espoirs et ses objectifs.

Elle sait et... elle ne sait pas. Comment raconter ? Comment partager ces jours où le sourire se figeait sur son visage pour masquer les larmes de l'Adieu ? Comment décrire ces minutes, ces heures où tout avait le goût de dernière fois, mais qu'elle n'avait pas le droit d'exprimer, parce que pour les autres, rien, jamais ne changeait.

Un jour, il faudra qu'elle raconte...
... la dernière nuit.
... l'attente dans le salon glacé pour lui dire qu'elle partait.
... la dernière entrevue dans ce café bondé.

Elle se souvient parfois du geste qu'elle a esquissé pour le toucher avant de sortir du café. Sa paume garde encore en creux la marque de son visage, avec une brûlure au milieu : l'endroit où il y déposa son dernier baiser volé. Par réflexe ? Par amour vrai ? Elle ne le saura jamais.

Elle pense parfois à ce soir où elle traversa la pièce pleine pour s'assoir en haut de l'escalier et, dans le noir, écouter, sentir monter jusqu'à elle toutes ces voix qui l'entouraient depuis des années et qui allaient disparaître. Le corps chargé des caresses d'un autre, elle écouta sa voix à lui, si certaine, si immuable. Elle était loin déjà. En bas, c'était son ancienne vie qui s'enfuyait, qui sécoulait. Elle flottait au dessus. Elle mourait.

Un jour, il faudra qu'elle raconte tout ça.
Ou elle en mourra.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Que ces instants sont loin et proches à la fois!! Forts de leur intensité, irrationnels.......des minutes qui font tout chavirer, un regard qui change, chavire, bouscule jusqu'au plus profond de son être, rend inéluctable l'inconcevable.

Alors oui, il faudra parler, raconter pour se rappeler le moment où tu as cessé de parler pour t'écouter, où tu as accepté de mourir .......pour revivre!

Une amie qui croit profondément en toi.

Irulaane a dit…

La signature me ferait penser à ma chère Balkkis mais j'ai parfois été si surprise...
En tous cas, merci, surtout pour la dernière phrase.

Anonyme a dit…

C'est magnifique. Ma-gni-fi-que. J'aurai tant voulu dire du mal...

Anonyme a dit…

Un jour,il faudra...

En ce jour je te dit simplement:Superbe.

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup...mais a-t-on le droit d'aimer ?

Irulaane a dit…

Touché ! Cela semble si personnel, n'est-ce pas, qu'émettre un jugement quel qu'il soit paraît déplacé. Mais dès que c'est L qui raconte et non "je", ce n'est déjà plus tout à fait moi. L, c'est le personnage Littéraire... donc, tout est permis !

Anonyme a dit…

Je connais bien ces évanescences amoureuses, et les fantômes qui dansent encore dans la tête ailleurs, sans boussole....j'aime beaucoup ton style. Et tu exprimes les sentiments avec la belle simplicité des grands. Bravo.

Anonyme a dit…

Superbe....

Ne pouvoir dire autre chose que oui.

Un jour il faudra qu'elle raconte...
...l'hospitalisation en urgence.
...les quatre mois enfermée dans une chambre noire.
...le procès qui se prépare.

Merci Irulaane.