Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...

Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...
Toujours un peu perchée...

vendredi 3 octobre 2008

Quelques grammes de poésie...

La dernière fois.

Mon tendre amour,
Il est 14 heures.

Il y a deux ans jour pour jour, heure pour heure,
Je m’arrachais à vous avec tant de douleur.

J’aurais voulu arrêter de respirer,
Non pour mourir,
Mais pour ne pas sentir,
À chaque souffle exhalé,
Un peu de votre âme s’envoler.
Garder à jamais
Derrière le rempart de mes lèvres closes et de mon nez pincé,
Votre odeur d’herbe coupée,
Votre saveur à ma bouche si veloutée,
Cette indéfinissable petite touche métallique qui s’attardait sur ma langue bien après vous avoir quitté.

Il y a deux ans,
Je croyais que c’était la dernière fois et tout en prenait le goût.
Un goût amer, déjà teinté de votre absence.

A peine étais-je arrivée au bout de votre chemin que l’érosion du monde commençait : ses couleurs se muaient en sépia, son atmosphère devenait infiniment plus pesante, les rires des enfants résonnaient moins forts, plus creux.

Amoindrie de votre sourire et de vos caresses, je m’apprêtais à devenir si légère que les vents de la vie n’auraient pas tardé à me briser. J’aurais accueilli avec résignation ce suicide du désir, cette mutilation de l’espoir. J’aurais vieilli, très vite et très proprement, feuille sèche à déposer dans un herbier fermé, délicatement.

Mais, vous m’avez rappelée…

Vous avez pris le risque de tout bouleverser.

Pour retrouver vos bras, j’ai tout sacrifié.
Je me suis enlacée
Autour de vos racines dans la terre si profondément ancrées.
Vous m’avez nourrie de votre sève et vos lèvres m’ont ressuscitée.

C’était il y a deux ans.

Plus jamais je ne nous laisserai nous quitter.
Nos âmes se sont emprisonnées
Et depuis quelques mois, je suis même parvenue à prendre la vôtre au piège.

Tout au fond de mes entrailles est enfouie une partie de votre être si cher.
Et rien ni personne ne pourra désormais nous démêler de notre création.

Elle aura ta bouche et mes yeux.
Ton rire et mes cheveux.

Elle est nous, pour toujours, elle est le merveilleux témoin de notre enchevêtrement.

Parce qu’il y a deux ans, heureusement,
Ce ne fut pas…
La dernière fois.

Pour Damien, le 26 septembre 2008.

1 commentaire:

AS a dit…

Il a bien fait, de te rappeler... à la vie. Dorénavant vous portez ce fruit-trésor. Si précieux.
La femme squelette s'est dénouée, fil après fil, maillon après maillon... et la chair d'amour a recouvert vos os.
Cette force inexplicable est un vent nouveau, un vol d'hirondelle...d'une rareté sauvage.
Des bises magiques sur cet esprit à naître...