Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...

Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...
Toujours un peu perchée...

mercredi 6 avril 2011

Don de dame...

Ma relation fusionnelle avec les livres commence à devenir ancienne, mais cette première passion, si elle a beaucoup évolué, est loin de s'émousser !

Il fut un temps (ère bénie de la découverte!) où le seul plaisir était mon guide. Puis vint la période des listes et des exigences culturelles. Je m'abîmai alors dans une autre jouissance : celle de la difficulté surmontée, de la liste biffée! L'avouerai-je? Il exista sans doute une époque où (avec une totale inconscience) je visai l'exhaustivité : je commencerais par lire un ouvrage de chaque "grand" auteur, puis j'élargirais progressivement le champ des investigations à l'œuvre complète. Ainsi caressai-je le fol objectif d'épingler un jour à mon tableau de lectrice l'ensemble des Rougon-Maquart (la simple lecture de l'Assommoir m'en détourna rapidement...), suivie de la Comédie humaine balzacienne, en passant par les Pensées, les Essais, les Caractères et autres joyeusetés. La seule proie de taille totalement garrotée et proprement achevée en la matière fut La recherche du temps perdu...

A cette effervescence intellectuelle succéda une ère de quasi lobotomie, celle où je devins prof... Je tombai alors dans l'insipide et presque unilatéralement pauvre "littérature pour la jeunesse" (excluons néanmoins quelques rares auteurs tels que Philip Pullman). Monceau de plagiats écœurants et fades, survol à la surface des choses, des personnages comme des idées, pédagogie déguisée et morale facile, mais traitresse par l'aisance déconcertante avec laquelle on la dévore et avec laquelle hélas, on l'oublie... Parallèlement, libérée de toute contrainte, je me reposai dans des romans divertissants (policiers - SF - aventures en tous genres) au milieu desquels, parfois, émergeait un petit bijou. Ainsi nommerons-nous Alain Damasio et sa sompteuse Horde du Contre-vent.
Je devins donc une lectrice difficile : d'un côté, dégoutée de facilité et de déjà-vu, débusquant la recette narrative commode, critique à l'excès, et de l'autre, devenue paresseuse à mon esprit défendant, abandonnant certains livres rébarbatifs en cours de route, moi qui m'étais fait jusque là un point d'honneur d'aller jusqu'au bout des œuvres entreprises, quoi qu'il m'en coutât...

Mais vint alors un autre mode de choix, le meilleur, le bon ! Être choisi par le livre plutôt que de le choisir. Je me fis moins scolaire, plus intuitive. Je compris enfin que les livres étaient animés d'un fluide propre qui ne devait pas être contrarié. Ainsi cet ouvrage qui m'était passé tant de fois entre les mains sans que l'envie ne me prît de l'ouvrir et qui soudainement devenait une lecture essentielle pour ce moment de ma vie. Pourquoi avoir dédaigné Thérèse Desqueyroux pendant des années, par une espèce de répulsion inexpliquée face au titre, pour le lire un jour avec émerveillement et compréhension profonde alors même que mon existence de femme était totalement remise en question? Que dire des ouvrages que l'on m'a prêtés, offerts, conseillés si opportunément ces dernières années et qui, pour quelques uns ont été une révélation.

Un merci aux dames éclairantes qui m'ont permis de découvrir quelques perles : Roula qui me conseilla L'élégance du hérisson, Delphine qui me confia le magique-circonstanciel Femmes qui courent avec les loups ou qui m'offrit le premier tome de Marie Laberge Le goût du bonheur. Un immense merci à ma mère pour sa stimulation permanent en matière de lecture. (Une pensée reconnaissante tout de même au milieu de toutes ces dames pour mon professeur de violon qui me plongea récemment dans la correspondance sublime d'Annie Dupeyret et de Nina Vidrovitch ou pour Sébastien qui l'air de rien déposa un après-midi chez moi La horde du Contre-Vent avec un laconique "ça pourrait te plaire"). Et tout dernièrement, merci à Cécilia qui vient de m'offrir un instant de pur bonheur en me prêtant La dame n°13 de Somoza. Cet article devait d'ailleurs originellement être consacré à mes impressions de lectrice le concernant. Mais une fois de plus, j'ai "digressé"... Le prochain post y sera consacré, promis !

Petit ajout pour dire que Cécilia est une lectrice stimulante et de qualité. Vous pouvez suivre ses critiques (bien meilleures que les miennes car non dérivatives..) sur son blog "betwwenn the books" dont l'Url figure dans la colonne de gauche.

Bonnes lectures à tous... et surtout en la matière : faîtes tournez !

1 commentaire:

Cécilia a dit…

Un très grand merci à toi pour un autre don que tu m'avais fait sans le savoir... Et je note les titres au passage, histoire de diversifier mes lectures