Début d'une nouvelle pièce ?

Elle – Tu rentres tôt.

Lui – Pas plus que d’habitude, tu sais.

Elle – Plus que certaines fois.

Lui – Peut-être, oui. Je ne surveille pas.

Elle – Tu sous-entends que JE surveille ?

Lui – Non… Mais MOI, je ne surveille pas.

Elle – C’est toujours pareil avec toi !

Lui – Comment ?

Elle – C’est toujours pareil. Tu es le modèle, l’incarnation de la liberté.

Lui – Je ne comprends pas ce que tu cherches.

Elle – Non, sans doute. C’est facile comme ça. Tu lances des accusations…

Lui – Mais quelles accusations ?

Elle - … et puis après, tu ne comprends pas.

Lui – Ecoute, je suis rentré tôt, ce n’est pas pour…

Elle – Ah ! Tu vois !

Lui – Je vois quoi ?

Elle – Tu l’admets : tu es rentré plus tôt ! Ce n’est pas comme d’habitude !

Lui – Je ne suis pas rentré tard (elle : air de triomphe), mais pas suffisamment tôt non plus pour que ça vaille le coup d’être relevé.

Elle – Tu vois comme tu te défiles : tu n’es pas rentré tôt, mais tu n’es pas rentré tard…

Lui – Arrête avec tes « tu vois » : ça m’agace. Ca ne veut rien dire. Et en plus… je suis de plus en plus myope nous concernant, tu sais.

Elle – Moi, c’est ça qui m’agace.

Lui – Quoi ?

Elle – Tes « tu sais ». Moi, je ne sais pas. Si tu ne dis pas, si tu ne t’expliques pas, je ne sais pas.

(Silence)

Lui – Ecoute, ça pourrait être une belle soirée.

Elle, un temps. – Oui, ça pourrait.

Lui, enjoué.- Tu sais quoi ?... Oh, pardon. Je vais nous servir un apéritif.

Elle – Oui, c’est ça. Fais donc ça. C’est pratique l’apéritif. (Il soupire)

Lui – Je vais choisir de ne pas relever.

Elle – Oui, c’est ça. Choisis. (Un temps) Choisis.