Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...

Irulaane ou la face artistique de Lauriane Renaud...
Toujours un peu perchée...

dimanche 2 novembre 2008

Une page de tournée...

Et voilà, la première représentation de Peut-être pas a eu lieu. Beaucoup de stress, d'angoisses, de crainte de la réception.

Quelques impressions à chaud :
- La panique en entendant tous ces gens dans le hall qui attendent, qui viennent voir MA pièce, MA compagnie. Et puis, les petits flashs qui me reviennent à présent, anecdotiques : l'obligation de refuser des gens qui n'avaient pas réservé parce qu'on jouait à guichet fermé. Cette dame au téléphone qui s'insurge quelques heures avant parce que "vraiment, en campagne, refuser des spectateurs, ça ne se fait pas"... "Il doit bien y avoir des strapontins, tout de même..." Ces nez collés aux petits bouts de vître qui laissent apparaître la salle. L'appréhension que l'on ressent chez ce public qui ne sait pas exactement ce qu'il vient voir, qui cherche des yeux l'espace de jeu, qui s'inquiète de la disposition de la salle, de l'orientation des éclairages (sur lui, pas sur la scène !)

- La musique retentit, on entre. J'ai tellement peur assise à ma table que j'ai la sensation que la salle entière doit entendre mon coeur cogner, s'apercevoir que mes genoux tremblent. Et cette petite voix qui me dit : "Ils vont détester, ils ne vont pas rentrer dedans, ils ne vont pas nous suivre." Je sais que le moment critique, ce sont les 10 premières minutes. Je sais que nous ne devons pas flancher, que nous devons l'embarquer ce public, sinon, ce sera la dérive.

- Nous avions essayé d'imaginer ce que cela donnerait de jouer au milieu des gens, nous avions extrapolé sur les bruits de chaises, les commentaires, les remarques à voix basses. Nous n'avions pas imaginé le silence, la tension impressionnante qui s'installe dans la salle. A se demander même si certains ne se retiennent pas de respirer. Cette qualité d'écoute, elle va nous porter, nous donner des aîles. Dès les premières minutes passées, Léa et Paul s'envolent, jouent comme ils n'ont jamais joué je crois. Plus rien ne peut arrêter le ressort. Un moment de grâce.

- C'est l'entracte. On a tenu le plus dur. Le public nous a suivis. Pierre surgit et nous dit : "Vous avez tenu bon. le public est avec vous. Maintenant, lâchez-vous, faîtes-vous plaisir." Et puis Damien qui ouvre la porte et qui me dit : "Il y a José (Manuel Cano Lopez) dans le couloir : va lui parler." Impossible. Je ne peux pas affronter le regard de José maintenant. Il ne doit y avoir aucune place au doute, pas de vacillement, aucun affaiblissement. Jusqu'à la fin. A ce moment précis, je suis tout simplement incapable de parler à un membre extérieur à l'équipe.

- La fin s'enchaînera vite. Un élément auquel je n'avais pas songé : les spectateurs sont tellement pris par la tension de la dernière scène, le cri derrière le rideau, qu'une partie ne saisit pas que la choeur est en train de jouer la pantomime du Requiem de l'autre côté de la salle. Les regards restent braqués sur le rideau où nous avons disparu.

- Le salut, le soulagement. Nous venons de vivre une aventure tous ensemble, un véritable moment de partage dans cette boîte que nous avions refermée sur les spectateurs pour les emmener avec nous jusqu'au bout de la tragédie. Les impressions des uns et des autres me paraissent justes par rapport à ce que je recherchais : "surprenant", "dérangeant", "oppressant", "choquant", "malaise". Certains craignent de me blesser en me disant ces mots. Ils sont pour moi les plus beaux compliments. Tout le monde n'a pas "aimé", mais je crois que rares sont ceux qui sont restés indifférents... Nous avons donc réussi le pari.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Non, je crois qu'on ne peut pas rester indifférent à cette pièce.
Personnellement j'ai apprécié la prise de risque et l'originalité des textes et de l'espace.
Tout simplement, Bravo !
A.

Anonyme a dit…

Rassure toi pour les râleurs qui n'ont pas réservé à temps, vu la mise en place il est logique que vous ne pouviez pas laisser des tables vides. Une terasse en plein été est toujours pleine sinon c'est un mauvais bar ;) Bon tu sais déjà tout ce que j'en pense. Oui ton pari est réussi. Tu t'étonnes du silence, tu ne t'y attendais pas, de jouer parmis le publique nous n'étions que des êtres humains qui regardent un scandale et ne pensent même pas à intervenir. (...)Tu les a bien embarqué dans ton univers enfin je pense. Quelques heures après mon message je ne peux toujours pas dire que j'ai aimé mais je ne peux certainement pas dire que j'ai détesté. La confusion que tu as semée, c'est bizarre d'aller voir une pièce de théâtre et de ressortir pleine de confusion même 48h après !!! (...) Tu vois je t'avais bien dit que je n'avais "peut être pas" fini ;) Biz Fanfounette

Anonyme a dit…

J'y étais et j'ai aimé beaucoup de choses, et surtout, j'y ai pensé et repensé les jours suivants. C'était audacieux, effectivement. Souhaitons que ça se passe aussi bien à Bourges, et que vous jouiez aussi bien toi et Damien. Gros bisous à vous deux. Florence.

Irulaane a dit…

Merci Mesdames pour vos petits commentaires et surtout votre présence lors de cette soirée.

Vous savez que pour moi "ne pas laisser indifférent" est le meilleur objectif que l'on puisse atteindre.

Des bisous, en attendant la tournée du printemps (et voir Flo et tte l'équipe sur les planches à Descartes !)