(par
un novembre brumeux)
L s'était donnée comme on se
noie,
Sans respiration
Sans retenue,
Sans espoir de retour.
Son cœur, soudainement lesté, avait plongé en eaux noires
Pour aller à sa rencontre
Et retrouver peut-être une ancienne version d’elle-même,
Une version vivante, primitive.
Et elle s'était enfoncée,
D’une fatale gaité
Au fond de l'inconnu.
Mais aussi soudainement qu'il était apparu,
Tel un mirage un court instant aperçu
Il avait disparu.
L'âme d'L n'était pas parvenue à se
débarrasser
Son esprit n'avait pas lutté.
Elle avait sombré,
Bras et jambes serrés,
Nez pincé
Cœur coupé.
Alors, tout au fond, L se
souvint de tout.
Du manque
De l'acuité du vide.
De la férocité des heures nues
De la violence des silences.
Elle s'offrit à la morsure de l'absence,
À la torture ouatée du doute.
Elle s'enserra d’un linceul de solitude.
Elle s'infligea la cruauté de la réécriture,
Le supplice du rêve,
Le fantasme d'un temps arrêté.
Remonté.
Le cœur qui bloque.
Quand elle crut avoir atteint la vase,
Quand le corps désarmé fut déposé,
L'enveloppe vide dans l'abime allongée
L’âme prête à se décanter,
L leva ses yeux usés vers la
surface.
Là-haut, tout là-haut, elle devina la lumière.
Et L pensa avec étonnement
qu'elle ne disparaitrait pas encore,
Pas comme ça.
Elle fut surprise, une fois de plus, de constater
Qu'il n'y a jamais assez de larmes pour se noyer,
Qu'on ne meurt pas de chagrin.
Jamais.
Elle allait stagner encore un peu dans les profondeurs,
Puis
Tout doucement,
Le corps gonflé
Elle remonterait
Eureka
C'était la loi.
C'est alors qu'il revint...
Et L se prépara à descendre.
Encore
plus bas.
5 commentaires:
Il y a de l'espoir là dedans, de l'amour perdu, souffrance du vide, au fond du trou, puis la vie, toujours la vie pour l'éternité, rien de disparaît au fond, tout se transforme, un amour perdu ouvre la voie vers d'autres plénitudes.Merci
On peut toujours descendre plus bas, hélàs. L'illusion est de croire qu'il y a un fond à toucher, et ça empêche parfois de remonter...
magnifique plein d'espoir, à lire absolumenti
Un texte qui bouscule, qui secoue. Je n'en sors pas indemne. Magnifique !
Merci pour vos commentaires qui me touchent beaucoup. Hélas, la conclusion était vraie... JPF a raison...
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