Il y a une chose que tu n'as jamais comprise.
Il n'y en a pas qu'une d'ailleurs...
C'est pourquoi j'écris...
au lieu de parler...
au lieu de hurler...
au lieu de mourir.
Bien sagement.
Bien proprement.
Je suis une voleuse.
Une voleuse pas ordinaire.
Une voleuse pas mercenaire.
Une voleuse de temps.
Une voleuse d'instants.
Je suis partie sans rien emporter, ou si peu, et pourtant, je suis plus riche de nous que tu ne le seras jamais.
Je suis parvenue à subtiliser, cacher, graver, tant de morceaux de notre intimité.
Au détour d'un roman, dans la description d'un personnage qui te ressemble, au fil des pages de mes journaux, au creux de nos lettres, au beau milieu d'un paysage littéraire... partout des éclats de toi. Au point que si je marchais dans mes livres, mes pieds seraient entaillés et déchiquetés par tes débris.
J'écris. Et, aucun objet, aucune photo, aucun parfum ne saurait mieux retenir la quintessence de ce que nous fûmes.
Le souvenir s'estompera, les sentiments s'émousseront, mais il suffira que j'ouvre une de ces pages pour qu'aussitôt, j'y revienne. J'ai écrit ces instants. Ils sont à moi. Ils sont mes mots.
Je suis une voleuse.
J'écris pour dérober des instants.
La banque que je m'obstine à attaquer est celle du temps.
Je suis riche de mes rapines temporelles.
Je suis riche de ce qui reste de nous.
Nous n'avons pas eu d'enfant. Certains diront qu'il ne subsistera donc aucun preuve de "nous" dans l'espace temps, aucun pont matériel que nous aurions su créer pour perpétuer notre "nous".
C'est faux. "Nous" a existé et j'en ai la preuve : je l'ai volée.
7 commentaires:
Il est sacrément beau et poignant ton texte "La voleuse"...
J'aime cette forme d'écriture, que tu appelles prose poétique (j'écris beaucoup ainsi...), ça te va merveilleusement bien en tout cas...
(via "myspace")
Oufffffffffffffffffffffffffff (ça...c'est l'effet réalisé sur mon âme...)
Je t'aime fort, chère L.
Tu as tout compris...tu as la richesse de tous ces instants...et elle ne fera que s'amplifier, au fil du temps...
Merci pour vos commentaires les amis.
Comme quoi, c'est parfois au fond du gouffre que l'on se retrouve.
Ainsi que le disait Balzac : "il y a des abimes que l'amour ne peut traverser, alors, il doit s'y ensevelir."
Je te serre sur mon coeur Ada.
Oh ! voilà une autre très jolie page. "poignant", oui c'est la mot. A quand un recueil qui réunirait ces instants?
Amélie.
lau, ce texte m'est allé droit au coeur tellement il est criant de vérité. Le vécu permet d'en ressentir les moindres recoins. Impossible pour moi de l'exprimer dans ces termes, c'est l'émotion exprimée qui m'a parlé. Merci ma metteure en scène préférée. A toi de mener l'enquête....
J'ai bien une idée, mais je ne voudrais pas faire d'impair...
Qui, dans "acteurs" pourraient écrire cela ? Peut-être plus que je ne le pense.
Mais je penche vers une certaine F.. Je me trompe ?
En tous cas, merci beaucoup pour le commentaire : il me va droit au coeur.
L.
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